Ce couple d’anges exceptionnel se compose de deux figures allongées dans une attitude calme. Les robes longues jusqu’au sol, aux manches larges et aux plis longitudinaux rectilignes, reflètent une élégance intemporelle. D’un point de vue stylistique, elles peuvent être attribuées à l’entourage du sculpteur d’Utrecht Adriaen van Wesel. Au Moyen Âge, Utrecht était un centre artistique de grande importance, marqué par les œuvres artistiques de ce sculpteur. Van Wesel faisait également partie du conseil municipal et de nombreux documents relatifs à ses missions ont été conservés.
Ses personnages se caractérisent par une tête ovale au front haut, encadrée par des cheveux ondulés, séparés au milieu et arrivant aux épaules. Des crêtes de sourcils acérées se posent sur des yeux en amande, à peine ouverts, avec des paupières proéminentes, celles-ci étant soulignées par un regard abaissé. Le nez allongé, à l’arête droite, repose sur une bouche déformée en un léger sourire, arrondi par un petit menton. Les figures androgynes sont reconnaissables aux évidements pour les ailes, à l’origine insérées séparément, à l’arrière. Leurs vêtements présentent une draperie plutôt effacée et les plis triangulaires posés au sol, presque pâteux, ressemblent à ceux des anges vers 1485/1500 de l’église paroissiale de Südlohn, dédiée à saint Guy. La texture de la surface, polie de manière presque luxueuse, ainsi que d’autres caractéristiques physionomiques, comme la texture des cheveux et la forme des yeux, montrent une étroite parenté avec la figure de la Vierge d’une scène de la Nativité, réalisée vers 1475-77 (Rijksmuseum, Amsterdam, BK-NM-11713).
Le couple interagit par des gestes et des attributs : L’un des anges tient devant son corps la tige d’un chandelier somptueux, au pied orné d’un décor floral, et se tourne vers l’autre ange qui porte une longue bougie torsadée. Vous êtes probablement en train de monter la bougie sur le bougeoir et de l’allumer. Dans le christianisme, la bougie symbolise la vie et la lumière éternelle indique la présence de Dieu. La bougie peut également être considérée comme un symbole apotropaïque ou de prévention du mal. Il ne s’agit pas ici des anges de chandeliers typiques, qui font eux-mêmes office de bougeoirs, ni des anges musiciens, plus souvent représentés. Ce couple d’anges est en train d’accomplir un acte de dévotion, à savoir l’allumage d’une bougie. Il s’agit d’une rareté qui s’inscrit dans l’œuvre de van Wesel, dont la tendance à l’innovation iconographique est considérée comme une caractéristique importante de ses sculptures. Les spectateurs sont ainsi confrontés à une action sacrée qui doit les inciter à l’imiter et à prier avec dévotion.
Littérature :
W. Halsema-Kubes, G. Lemmens et Guido de Werd (éd.), Adriaen van Wesel : een Utrechtse beeldhouwer uit de late middeleeuwen, catalogue d’exposition du Rijksmuseum, Amsterdam 1980.
R. Karrenbrock, Unbekannte Werke des Utrechter Bildhauers Adriaen van Wesel, dans : Zeitschrift für Kunstgeschichte 3, 1994, p. 336-346.
J. Leeuwenberg, Een nieuw facet aan de Utrechter beeldhouwkunst IV, in : Oud Holland 75, 1960, p. 105-205.
GAUCHE :
https://artsandculture.google.com/asset/südlohn-catholic-parish-church-st-vitus/HgHSe2HLj0vTrA?hl=en
https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/BK-NM-11713/catalogue-entry?pdfView=False
Cf.